Même si Vichy reste souvent à l’écart des manifestations, la déclaration d’Edouard Philippe sur la réforme des retraites ce 11 décembre a réveillé les habitants. Dès le lendemain, 250 manifestants se sont rassemblés sur la place de la Poste pour montrer leur désaccord avec le gouvernement.
Fin des régimes spéciaux, « âge pivot » ou encore valorisation des pensions pour les femmes. L’allocution du Premier ministre a couvert toutes les orientations de cette réforme des retraites. Toutefois, les plus Vichyssois en entendent parler, moins ils veulent que ce projet soit mis en place.
« C’est un retour en arrière », « ça ne va rien changer », « il n’y a rien de bon dedans ». Pour manifester leur mécontentement, les habitants de la ville d’eau se sont retrouvés, jeudi 12 décembre, place de la Poste, pour une marche organisée par la CGT. Les volontaires se sont élancés dans une ambiance électrique, le discours d’Edouard Philippe toujours en tête. « Cette réforme, c’est comme une insulte. On a passé l’âge de croire au Père Noël, s’insurge Jean, un gilet jaune retraité. Si ça continue, on aura la retraite à titre posthume ! »
Une réforme rejetée
« Si je devais résumer cette réforme, je dirai que c’est : travailler plus pour gagner moins. Elle n’apporte rien de bon. Il faudra travailler jusqu’à au moins 70 ans. » Pour Marise, membre de la Force Ouvrière, les promesses d’Edouard Philippe ne veulent rien dire de concret. Ainsi, même s’il a promis que l’âge de la retraite ne changerait pas malgré la mise en place d’un âge pivot pour gagner des points supplémentaires, la syndiquée s’inquiète. Une angoisse partagée par Jackie, gilet jaune et retraité depuis cinq ans : « J’ai travaillé 45 ans, je pense que ce n’est déjà pas mal. Ça ne va pas être facile pour la jeunesse, qui commence plus tard, d’avoir une bonne retraite. »
Malgré le vent et la pluie, les Vichyssois sont venus manifester pour montrer leur désaccord avec la réforme d'Edouard Philippe. Photo Emma Fourreau
Si le futur est incertain pour les générations actuelles, il l’est encore plus pour les générations futures. « Le gamin ne sera même pas né qu’il faudra déjà acheter des points pour sa retraite, ironise Jackie, peu convaincu par les annonces du Premier ministre. Tout ça, c’est une logique d’homme politique coupé de la réalité. »
Les femmes, « grandes gagnantes » ?
Un des objectifs d’Edouard Philippe, c’est d’assurer une retraite plus juste aux françaises, pénalisées par des carrières souvent plus hachurées que celles des hommes. Mais à nouveau, cette promesse peine à convaincre les principales concernées. « Cette réforme se veut bénéfique pour les femmes, mais ça ne va rien changer. Les hommes gagneront toujours plus d’argent, mais ça le gouvernement ne s’en préoccupe pas », s’insurge Nelly, enseignante à Vichy. Même constat pour Marise : « Pour les femmes, rien n’avance. Au contraire, on recule. »
Si pour Edouard Philippe, « les femmes seront les grandes gagnantes » de cette réforme, les Vichyssoises ne se retrouvent pas dans son programme. Elles ne veulent pas une hausse de leur pension en fonction de leur nombre d’enfants, mais une hausse de leurs salaires. Ainsi, pour Nelly, « le Premier ministre ne veut pas aider les femmes, mais juste avoir plus de familles nombreuses en France. »